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rêver en fumant sa dernière cigarette avant le bureau :

Geneviève avait décidé de démissionner pour se consacrer à sa maison. Les économies qu’elle réaliserait ainsi en surveillant l’inexpérience de Ninette, en choisissant un appartement plus petit, devaient vite compenser l’abandon de son traitement. Ce serait dans le même immeuble, face aux mêmes coteaux verdoyants, un logement un peu petit, un peu étriqué — mais quatre billets de moins par an, mon vieux Denis ! — qu’il avait un jour visité, comme ça, pour voir. Cela faisait plus resserré, plus intime que le grand parloir un peu vide, à l’air démeublé où ils se tenaient d’ordinaire. Dieu ! quel bien-être coulait en lui rien qu’à l’idée de ce petit coin de maison qui serait comme le sanctuaire de sa femme, la chapelle chérie de sa femme. Drôle d’impression que celle d’une ravissante hôtellerie — mais cependant d’une hôtellerie — qu’il ressentait dans le logis actuel quand ils y rentraient tous les deux, ignorants de ce qui s’y était passé en leur absence. Mais à l’idée d’un modeste appartement — trois ou quatre pièces comme chez les Charleman — où s’écoulerait la vie de sa femme, où c’est chez elle plutôt que chez lui qu’il viendrait communier avec sa présence à midi et le soir, il défaillait comme à la vision d’un paradis terrestre.

Et puis l’heure sonnerait où le petit enfant serait là. « Une sacrée sécurité, il faut l’avouer, pensait Denis, de le savoir sous la garde de sa mère ! » Et il revenait encore aux Charleman, à Denise aux cheveux de lin qui, elle, couverait son bébé, n’accepterait pas de le quitter deux heures, elle l’avait déclaré tout net un jour à Geneviève, cette petite Denise, cette gosse fragile qui défendait déjà l’enfant attendu contre des périls imaginaires.