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— Mais enfin, Geneviève, qui l’élèvera, ce petit ?

— Moi-même, ma mère.

— Renoncez-vous donc à votre situation ?

À une question aussi peu fondée en raison, en possibilité et aussi vaine, Geneviève ne put répondre que par une ironie :

— Que dites-vous là, ma mère ? Mais ce serait plutôt l’occasion d’en prendre une seconde s’il était possible ; à l’heure où des charges nouvelles et redoutables surgissent, le moment serait mal choisi de tarir une telle source de revenus dans notre ménage.

Denis regardait sa femme et son visage exprimait une inquiétude aiguë. Sa mère avait lancé là un pavé que ses mains à lui avaient longtemps balancé sans oser le lâcher. Il n’en était pas très satisfait. Il prenait inconsciemment le parti de celle qui lui était plus que tout.

— Ma chère amie, se hâta-t-il de dire, vous devez faire confiance à Geneviève. Une femme comme elle est capable de mener de front deux missions, qui, après tout, peuvent se conjuguer. D’abord, au moment de la naissance, il lui est accordé un congé de trois mois. Trois mois pour se consacrer uniquement aux soins du bébé et pendant lesquels elle formera Ninette aux dits soins.

Geneviève devait savoir un gré bien tendre à son mari pour ce plaidoyer qui lui permit de continuer avec plus d’assurance :

— Ninette est au fond une bonne petite fille qui a déjà pouponné ses jeunes sœurs. Elle a dix-sept ans aujourd’hui. Je la suis de très près.

— Non, de très loin ! objecta la malicieuse belle-mère.

— Vous me comprenez fort bien. Je ne passe jamais un jour sans m’entretenir un peu avec elle.