Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/334

Cette page n’a pas encore été corrigée

peu l’affreux moment où il lui faudrait paraître seule devant ses parents. Elle gagna le coin de la rue Claude-Bernard, et retourna encore une fois vers la claire maison blanche qu’un réverbère bleuissait, puis continua sa route.

Que dirait-elle à ses parents ? Tout, rien, ou une partie de la vérité ? Comment les blesser moins cruellement ? Les blesser ? Mais souffriraient-ils tant ?

Et devant cette fille pondérée, dont les jugements étaient étayés sur des bases fermes, par des principes traditionnels, les parents éducateurs de Marcelle passèrent en jugement. Et Hélène se faisait sévère, comparant la mère avec la grand’mère, et les incertitudes morales de Jenny Fontœuvre avec la méthode sûre, stricte, inflexible, appliquée par madame Trousseline à l’éducation. Timorée, scrupuleuse, avec ses délicatesses d’hermine, Hélène sentait encore en sa propre conscience la vigoureuse empreinte de la vieille femme admirable qui l’avait formée. Sa mère aussi avait reçu la même empreinte et sa vie impeccable en témoignait toujours. Mais au contact du milieu où elle avait été jetée à vingt ans, l’influence maternelle était comme morte en elle, et elle ne transmettrait plus à personne ce flambeau éteint. Qui s’était occupé de forger une conscience à la malheureuse Marcelle ? Que lui avait-on dit ? Qu’avait-elle vu ?

Hélène traversait maintenant le boulevard Saint-