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comme il ne possédait ni l’argent, ni les forces nécessaires à sa conquête, à quoi se réduisait sa vie ?…

Cependant, les soucis immédiats le pressaient. Tout délai devenait impossible. Ses parents avaient trop ouvertement parlé devant lui du prêt important des Houchemagne, pour qu’il pût se tourner vers ses cousins. Et soudain, comme il arpentait les quais lamentablement, une idée lui vint, une idée sentimentale d’enfant, une idée naturelle et simple sortie de son instinct filial à travers tout le fatras des théories amères, des conceptions vaniteuses ou desséchantes déposées en lui depuis l’enfance, sans correctifs d’aucune sorte. Cette idée, c’était d’aller trouver sa mère et de lui confier, pour la première fois, les tracas dont il était excédé. Peut-être la générosité de cousine Jeanne l’aurait-elle mise en état de tirer son fils d’embarras sans compromettre la fameuse exposition. En tout cas, Jenny lui suggérerait peut-être un expédient. Enfin, il aurait une alliée contre le sort et ne se débattrait plus tout seul.

Il en vint presque à s’attendrir d’avance. Cette jeune et charmante mère, si travailleuse, il l’avait souvent négligée, il ne l’avait pas assez appréciée. Comme il la connaissait peu ! Elle valait cent fois. la comtesse Oliviera. Que de ressources en elle pour faire honnêtement son métier, pour tenir la maison debout malgré la déveine constante. Et son petit talent même, n’avait-il pas quelque