Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’elle aurait couché dans une cave, qu’elle serait allée loger au bout du monde, pourvu que Nicolas eût l’atelier digne de son génie.

Quand les Houchemagne furent partis, Jenny ne put s’empêcher de remarquer tout haut :

— Est-elle amoureuse, cette Jeanne !

— Lui, c’est bien autre chose encore, déclara Pierre en vrai riverain de la Garonne. Il m’a fait des confidences tout à l’heure. Ah ! la petite cousine, elle s’y entend à prendre un homme…

Dès la semaine suivante, on se mit à la recherche d’un appartement pour les Houchemagne. Ce fut une véritable expédition à laquelle on associa tous les amis. Nugues, qui, par la pluie battante, était réduit à l’oisiveté, dans l’impossibilité de travailler dehors, fut réquisitionné, sans façon, par madame Fontœuvre qui lui imposa un itinéraire à parcourir. Addeghem lui-même à qui l’on contait l’incapacité de Nicolas et l’embarras de sa charmante femme, déclara qu’il se flattait de leur dénicher, dans son vieux Paris, un coin idéal, assorti au talent d’Houchemagne, Jenny Fontœuvre alla questionner Juliette Angeloup, qui connaissait tous les ateliers de la ville, et comme désormais les pauvres mains enflées de rhumatismes se refusaient à peindre, et que l’ennui dévorait la vieille artiste, l’envie la prit de se mettre en quête, elle aussi, d’un logis pour ce bon garçon d’Houchemagne. À présent, tous les soirs. à six heures, elle arrivait chez les Fontœuvre,