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sont déshonorants sans leur intervention. Mais ni toi ni moi ne croyons plus au pouvoir mystérieux de l’un ; quant à l’autre il faudrait être un fameux primaire pour reconnaître sa sanction morale dans l’union civile qu’un tribunal peut délier en six mois. Alors, il ne restera plus à invoquer que l’hypocrisie des conventions sociales, et cela, c’est vraiment trop creux pour nous. Ce n’est pas avec de tels principes que nous élèverons Marcelle.

— Je suis de ton avis, répondit la petite Fontœuvre ; aimer, je n’y vois pas malice.

— Cependant, dit le père, aimer trente-six fois comme Darche !…

— Mais au fait, recommença Jenny après un temps de réflexion profonde, pourquoi l’amour, licite une fois, serait-il prohibé au delà de ce chiffre quand, d’un commun et loyal accord, les amants se seront désunis ? Dans le cas de Nelly, par exemple, qui, sans engagement, ne répond d’elle devant personne, pourquoi une succession d’amants serait-elle abominable ?

— Je vais t’expliquer le monde dans ses préjugés, et nous-mêmes, nous obéissons à des habitudes séculaires qui furent imprimées à la société pour sauvegarder le bon ordre en général, et le droit des enfants en particulier. Il y eut des lois pour que la mère n’appartînt qu’à un seul homme, le père de ses enfants.

— Mais alors, le divorce et le remariage ? s’écria la petite Fontœuvre.