Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maître Blondel poursuivait tout bas, en remontant ses manches flottantes :

Ce n’est pas ici, messieurs, un drame grossier de l’adultère, mais une amère comédie où les âmes seules souffrirent, où une femme de la plus délicate essence connut le martyre le plus cruel qu’elle put subir. Dans ce ménage mondain, qui se doublait d’un ménage d’artistes, un élément sournois de désaccord s’était glissé. Personne ne l’a jusqu’ici nommé ; mais, sous les témoignages, vous l’avez deviné, rampant, insidieux, venimeux comme un…

Henriette Marcadieu entendait distraitement le récit de cette ruine conjugale, avec la sereine et triomphale indifférence d’une fiancée dont le bonheur est sûr. À ce moment, la porte s’ouvrit. Très pâle, la tête droite, André Vélines fouillait des yeux la salle noire. Ils se virent. Alors leur beau sourire amoureux, devançant tout propos, fut comme un prélude d’union confiante, paisible, étroite. Le jeune homme était le plus troublé ; il murmura par contenance, en désignant Blondel :

— Est-ce bien ?

— Oh ! il est très fort, comme toujours, dit vivement Henriette, faisant crédit au vieux maître qu’elle avait si peu et si mal écouté.

— Blondel, prononça le jeune homme en affectant du calme, il m’étonne toujours.

Tous deux, un instant, pour se donner le change, firent semblant de prêter l’oreille à la