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matins, à l’heure de la sortie du lycée. Deux fois, n’y tenant plus, il s’en alla les espionner et fut témoin du même manège ; et ce furent, chaque fois, pour lui, de terribles transports d’indignation. Lors des visites du jeudi, sa sentimentalité souffrait seule ; mais, à ces subterfuges qui bravaient la loi et ses droits paternels, sa dignité criait. C’étaient son amour-propre, sa fierté, qui étaient en jeu et qui se révoltaient. Parfois il avait un désir cruel de frapper son fils ; l’instant d’après, il aurait voulu l’emmener dans de grands voyages. Un jour enfin, le cerveau en désarroi, il alla trouver Fabrezan et lui conta tout.

Le bâtonnier fit d’énormes gestes, passa par toutes les émotions, depuis la surprise jusqu’à l’attendrissement, et les exprima tour à tour en jeux de physionomie.

— C’est délicat, avoua-t-il, c’est très délicat. Est-ce qu’on peut fourrer le nez des juges dans des affaires pareilles ! Il y a là des choses respectables et que vous ne pouvez pourtant pas tolérer. Je vous approuve beaucoup, cher ami, d’avoir feint d’ignorer tout… Du reste, un garçon de quatorze ans bientôt n’est pas un petit animal qui change de maître en même temps que de maison. Il y a la personnalité de l’enfant, que diable ! dont vous devez tenir compte… N’empêche que tout ceci est déplorable pour son éducation et qu’il faut aviser. À votre place, je le mettrais