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aperçut de dos, sur le boulevard du Palais, maître Thaddée-Mira, en compagnie d’un jeune homme atteint d’obésité précoce : il reconnut Georges Sylvère. C’était donc fait : l’israélite avait la cause.

Et il frémit d’une telle colère que des passants regardèrent avec étonnement cet homme pâle et crispé, aux yeux durs, au pas saccadé.

En rentrant il trouva Henriette très agitée :

— Ils déshonorent l’Ordre, disait-elle, ils le discréditent ! Parce qu’un artiste en renom a enlevé une mère de famille, les voilà haletants, desséchés de convoitise, aspirant tous à l’honneur d’étaler devant le tribunal l’apologie de cette femme. On ne parle que d’elle là-bas. On louche sur le beau Thaddée-Mira parce qu’il est, dit-on, nanti de sa cause. Mon ami, je t’assure que j’en ai la nausée…

— Mais alors on louche aussi sur moi, interrompit tranquillement Vélines, car mon nom a été mis en avant…

— Oh ! toi, j’espère bien que tu refuserais de réhabiliter une femme qui abandonne son mari et quatre enfants pour prendre un amant.

— Ma pauvre petite !… Tu en es là encore, après cinq ans de Palais ! Tu m’as vu pourtant, et avec plaisir, innocenter cette canaille d’Abel Lacroix.

— En correctionnelle, déclara sérieusement Henriette, ce n’est pas la même chose qu’au civil.