Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

teau jusqu’à la rivière la jeune verdure des taillis, descendant la pente raide, s’emplissait de soleil. Là-bas, à gauche, les cheminées rangées de la filature émergeaient des peupliers d’Italie. Cécile comprit qu’elle venait d’arracher les vieux époux à une contemplation commune de la nature. Elle s’excusa :

— Père, ne m’en veuillez pas surtout. C’est pour vous dire des choses très sérieuses que je suis venue. Avez-vous confiance en moi ? Oui, n’est-ce pas ? Me considérez-vous comme votre fille ? Oui, n’est-ce pas ? C’est vrai que je suis la petite-fille d’un marchand de cochons, et que grand-papa Boniface est un peu difficile à avaler pour vous…

— Ma chère Cécile, nous avons le plus grand respect, la plus grande estime pour votre grand-père.

— Oui, je sais, je sais, répliqua la bru. Quand il vient aux Verdelettes, vous êtes si gentils, si gentils pour lui ! Mais c’est égal, il jure un peu ici, grand-papa Boniface, et après tout, malgré votre affection, malgré l’amour de mon cher Élie, je suis de la race Alibert, moi. C’est peut-être ce qui me permet d’adorer la vôtre, père, parce que je la vois toujours d’à côté, d’un peu loin, comme