maçait et criait dans le creux du matelas. Le vieillard examina le bois des colonnes qui était bien conservé, puis il dit, comme un homme assommé par une émotion religieuse :
— Dire qu’un roi a couché là-dedans !
Ensuite ce fut un festin qui rappela, pour l’abondance et le pittoresque, les repas de la Renaissance. Les Martin d’Oyse, petits mangeurs, sacrifiaient là encore à la tradition. Il y eut des pâtés monstrueux et un faisan doré habillé de ses plumes dont la queue balayait la nappe. L’alternance des vins était savante. Après les viandes épicées, on en versait un couleur de topaze, qui semblait le suc même d’un raisin balsamique. Le père Alibert, qui à la droite de madame Martin d’Oyse mangeait et buvait bien, disait à chaque coup :
— Ah ! ah !
Comme on passait un coulis exquis de légumes printaniers, il confia à sa voisine :
— J’ai mangé dans les plus grands hôtels de Paris et les plus chers. J’ai traité des consuls, des sénateurs, des ministres : je n’ai jamais rien trouvé de pareil à ce que vous me servez là, madame.