Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

diose. Une salle de filage qui sera comme une cathédrale ! Soixante mille broches !

— Vous saviez ce que c’était que des broches, dites, Fanchette ?

— Non. Mais Frédéric m’a expliqué. Ces choses-là, je les saisis tout de suite.

— Vous êtes bien une Alibert, une petite-fille du père Boniface, murmura Philippe, les dents serrées ; mais la chose n’est pas faite, Fanchette : mon père ne m’en a pas soufflé mot.

— Oh ! votre père, ne lui en parlez pas : on lui dira, plus tard, quand les plans seront finis. On les prépare. Alors, vous comprenez, mes frères sont en train de vous gagner une fortune, à vous aussi. Les Martin d’Oyse vont être opulents. Vous n’aurez plus à me reprocher mon argent.

Il la contempla longuement sans lui répondre. Elle crut que le prestige de tout cet or évoqué finissait par griser le jeune homme, quand au contraire, avec une lucidité complète, il disséquait en elle le mystère de la race qui affleurait là sous les paroles. Et elle, avec son mélange de naïveté amoureuse et d’esprit pratique, poursuivait son raisonnement. Philippe ne serait pas toujours aux