Page:Yver - Les Cervelines.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

cour, au rez-de-chaussée, un somptueux cabinet de travail. Quand Tisserel entra, il était à son grand bureau, la plume à la main, une toque de velours coupant son haut front blanc ridé, le visage levé pour voir, sous ses lunettes, le visiteur. Il devint sévère.

— Ah ! c’est vous, Tisserel ! C’est bon, je suis bien aise. Vous aviez à me parler ?

Tisserel se rappela Cécile, Gérey, le concours, sa phrase : « Rien ne me retiendrait, rien ! » et il se sentit atrocement gêné. Le vieillard le regardait en face, le dévisageant.

— J’avais à vous entretenir, monsieur le directeur, d’une affaire concernant l’internat.

— Dites-moi, interrompit Le Hêtrais, il m’est revenu, à propos d’autre chose, des bruits fâcheux. Comprenez-vous de que je parle ?

— Je ne comprends pas, fit Tisserel troublé.

— Vous devez savoir, pourtant ; j’ai appris que, dans l’École, en a fortement commenté le choix du docteur Gérey comme chirurgien en chef.

Tisserel esquisse un geste vague.

— On a dit que j’avais commis une injustice, et il s’est formé un véritable mouvement contre moi ; je sais que les internes sont tous dans ce mouvement. On m’a traité de vieille ganache, ce qui m’est fort égal, mais on a incriminé la validité de la nomination. Est-ce vrai ?

— Je le crois, balbutia Tisserel.

— Ceci est plus grave, parce que l’attaque vise le principe même de l’autorité dans l’École, et cela, je ne puis le souffrir.

— Je le comprends.

— Je ne vous demande pas de dénonciation