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annonçait une sereine délectation de pensée ; et il l’embrassa comme une jeune sœur avec une tendresse mêlée d’une émotion hésitante.

Coxalgique à quatorze ans ; soigné aux Sables d’Olonne, dans une clinique, par une jeune religieuse, sœur Cécile, qui avait à jamais imprimé sa marque dans cette âme de petit garçon ; guéri à Lourdes en 1913 ; engagé volontaire à seize ans, en 1914 ; roulé successivement dans toutes les vagues d’assaut, en Champagne, dans la Somme, à Verdun, à Reims, tendant le cou à tous les éclatements comme une jeune martyre sous le glaive, jamais blessé malgré l’offrande faite à Dieu de sa vie pour les buts militaires ; revenu au château de Pancé en 1918 ; faisant son droit à Rennes, puis à Paris, au lieu d’entrer au séminaire comme s’y attendait la noblesse bretonne ; enfin, en 1925, emporté par le sentiment religieux qui l’avait envahi, d’une façon presque matérielle, dans la pulvérisation de tout son corps au moment du miracle de Lourdes, partant pour Rome où il s’installait sur l’Aventin, chez un vieux prêtre, pour y étudier l’archéologie chrétienne des premiers siècles dans les Catacombes. Tel était limpide, correct, net comme Bernard lui-même, le graphique de sa vie en même temps rare et simple.