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« C’est l’attente de Bernard. »

Le frère chéri d’Hubert devait arriver de jour en jour. Sa chambre était prête. À cet être mystérieux, madame Legrand-Maillard avait attribué la chambre à l’ouest qui s’ouvrait sur l’Estérel, parce que, disait-elle, Bernard devait aimer rêver devant les couchers de soleil. Mais non, ce ne pouvait être l’attenta de Bernard, puisque l’appréhension du séjour qu’Ignace, ce dévoyé, ferait dans la villa Diana, loup sauvage et crotté dans une bergerie vernissée d’Angleterre, la honte même qu’il en éprouvait d’avance, n’altéraient pas son bonheur intérieur, Et il souriait de sa paresse. Cinq heures pour lire son journal : ses yeux s’attardant aux jeux du soleil sur la villa rose, sur la flamme noire des cyprès ; son nez humant la fumée balsamique de ces herbes que brûlait le jardinier au bas du jardin.

Madame Legrand-Maillard tournait autour de ses secrets et 1l s’amusait à se défendre. Elle arrivait gantée, le sécateur d’une main, les roses de l’autre :

— Ce que je ne comprends pas c’est que vous, l’aîné, vous ayez renoncé à cette charmante résidence de Pancé qui fait si dix-septième avec ses œils-de-bœuf, pour aller vous enterrer dans le plus triste endroit de l’Europe. Votre mère m’avait