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jours cette engeance de dévote dépeinte par Marc, robe longue et souliers plats. Et Hubert se demandait si elle n’était pas au fond charmante comme le portrait d’Isabelle de Pancé, sa mère, en 1894, l’époque où elle s’était mariée. « Déguisée au bal en vierge chrétienne », avait dit ce libertin de Marc. Et Hubert imaginait des bras moulés dans un lainage blanc, les poignets serrés. Il se demandait comment cette jeune créature spiritualisée avait pu aimer ce butor. Entre ces deux pôles, Marc et Odile, il voyait tous les torts se précipiter comme de la limaille de fer au pôle Marc. Et, à la faveur de la somnolence où il coulait, Odile se dégageait, devenait une lumineuse et pure victime.

À l’Estaque, il interrogea :

— Qu’est-elle devenue ?

— Qui ça ? demanda Marc équipé pour le débarquement, chapeau désinvolte, pardessus de voyage, valise à la main.

— Ta femme ?

— Ah ! reprit Marc avec indifférence, je crois qu’elle s’est fixée à Rome, définitivement.

À la gare de Marseille, ils se séparèrent sans chagrin. La longue silhouette de Marc faisait tache parmi les voyageurs du quai à cause du pardessus clair destiné à l’Égypte. Hubert ne pou-