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cendu à l’horizon, un visage ardent s’avivait. Hubert reconnaissait la transparence de l’atmosphère avignonnaise. Il sentait aussi l’anxiété de voir surgir la silhouette massive et dorée du Palais des Papes. Le leitmotiv de la symphonie infernale était à deux temps. La jeune femme aux mandarines s’était endormie. Marc posa une question directe :

— Quel âge a-t-elle aujourd’hui, madame Legrand-Maillard ?

— Soixante-huit ans, répondit Hubert.

Après un silence :

— Vous ne repasserez par ici, mon cher, que la bague au doigt.

— Moi, dit Hubert, qui cadenassait toujours furieusement sa vie intérieure et eût été fâché de laisser voir à ce Marc, si éloigné de lui, l’étincelle allumée dans ses yeux à l’apparition d’Avignon, — lumière dans la nuit tombante, — moi, j’ai épousé la terre et je suis heureux en ménage.

Comme ces femmes soigneuses de leur armoire à linge où sont rangées en piles les lourds draps de toile aussi bien que les pièces de linon, légères colonnes ; qui en gardent la clef, qui ne permettent à personne d’y jeter les yeux, tremblant d’en voir tomber un mouchoir de batiste, une serviette à thé, Hubert de Pancé défendait les secrets