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que j’étais retenu au lit par la grippe, elle rentra d’une course avec un charmant petit chapeau et je reçus dans la figure une masse fraîche et légère qui m’aveugla. C’était sa chevelure superbe qu’elle venait de faire couper et qu’elle m’apportait en trophée. Mais, bien que le geste fût touchant venant d’elle, c’était trop tard. J’étais appelé ailleurs. Puis la rancune est chez moi trop opiniâtre pour qu’il me fût permis de revenir à celle qui, par une espèce de défi, m’avait porté au comble de l’irritation et de l’animosité. Cette lutte entre elle et moi, entre l’entêtement de son sentiment aussi opiniâtre que ses idées, et mon fol désir de libération dura encore une seconde année. Mais elle en vint finalement à comprendre l’inutilité, la vanité, la misère d’une vie commune pour nous. Ayant reçu l’assurance que notre mariage pouvait être annulé par l’Église, elle consentit au divorce. Je pense qu’à cette époque, elle ne m’aimait plus. — Enfin, mon vieux Pancé, voilà mon histoire. La vie n’est pas drôle.

— Surtout, on y commet des erreurs dit Hubert.

Marc Dauxerre reprit :

— Heureusement que cette fois-ci, ma fiancée.

Mais Hubert ne l’écoutait plus. Un crépuscule… d’un vert limpide entre les cyprès noirs annonçait déjà la Provence. Sous le masque de la lune des-