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laisser faire. Cependant, madame Legrand-Maillard me répétait, à raison de deux ou trois pneumatiques par jour, le chiffre considérable de la fortune que cette enfant angélique mettait à mes pieds ; car, il faut que tu le saches, les circonstances s’aggravaient d’un sentiment déchaîné que j’aurais provoqué chez la jeune sainte au mariage du petit-fils Legrand-Maillard où on l’avait traînée, en robe blanche et en bas blancs comme pour une prise d’habit. Et si j’ai cédé aux instances de madame Legrand-Maillard, si je l’ai autorisée à des ouvertures auprès des parents d’Odile, c’est précisément que j’espérais que cet amour si rare chez une fille si timorée, se concerterait avec sa timidité apparente pour m’abandonner la volonté précaire de cette petite mal nippée, et qu’elle ne demanderait, une fois mariée, qu’à se convertir à ces frivolités qui sont pour moi le côté le plus adorable d’une femme. Certes, aurais-je su, — à ce bal, où elle m’est apparue déguisée en vierge chrétienne, et où par une sorte de jeu et d’ironie, poussé d’ailleurs par madame Legrand-Maillard, je l’ai tirée de force par la main vers un honnête tango qu’elle se flattait de ne savoir pas danser, — aurais-je su que cette douce Odile était aussi butée dans son austérité que les autres femmes sont acharnées