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tu sais, comme les femmes en portaient en 1924. Mais la poudre, mon cher, je ne l’ai pas obtenue, ni le rouge aux joues, ni le rouge aux lèvres, ni aucun de ces chers artifices qui avivent ineffablement un joli visage, et, mon Dieu, n’ont rien de contraire aux enseignements de l’Église dont je suis toujours le fils dévoyé mais repentant. Ainsi ne crois pas que j’aie persécuté chez Odile sa foi intime. Les grand’messes, le confesseur, les retraites de dames, les médailles en faisceau dont un mari est flagellé dès qu’il s’approche d’une épouse dévote, rien de tout cela ne m’a déplu chez elle. Je ne déteste pas dans l’âme des femmes un certain mysticisme annexe de leur sensibilité qui les agrandit et, en même temps, les limite. Ce n’est pas monsieur Homais qui parle ici. Mais l’expérience d’Odile m’a appris qu’il est des femmes en apparence inexistantes et qui se manifestent monuments granitiques de personnalité, d’entêtement et d’orgueil. Pendant un an j’ai eu la honte de traîner derrière moi une compagne fagotée, une parente de la campagne, un portrait de l’autre génération qui massacrait les plus jolis modèles des bons couturiers en les allongeant, en leur rajoutant des manches ; posée, au surplus, sur talons plats, exhaussée d’une coiffure ridicule, et dont on n’apercevait même pas qu’elle était