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ses trentre-quatre ans ne fussent pas encore achevés. Ses épaules épaisses et rondes, une lenteur des réflexes, un empâtement de sa figure, de son menton parfait, des ailes de son nez bourbonien marquaient la fin prématurée de sa jeunesse et accusaient ses origines bretonnes. Il n’était plus dessiné mais sculpté ; essentiellement Celte avec ses cheveux abondants et frisés. Mais il gardait du jeune homme qu’on avait connu, — et sans doute aimé, — le sourire irrésistible des yeux mi-clos, dont le regard se dirigeait sur ce voyageur cheminant instable depuis l’extrémité du couloir et qui s’avançait vers lui en manifestant de l’hésitation, puis de la surprise. Un homme haut et sec, aux lunettes d’écaille, l’air plus jeune qu’Hubert de Pancé, allumé par les cocktails qu’il avait dû s’attarder à absorber jusqu’à cette heure au wagon-restaurant en fumant des cigares. Quand il atteignit Hubert, il lui posa la main sur l’épaule. Le cercle de ses lunettes agrandissait son étonnement. Hubert abaissa l’épaule pour se défaire de ce fardeau, de cette patte d’homme heureux dont il n’avait pas besoin, sentant bien d’ailleurs que ce geste, à l’égard d’un camarade qu’on n’a pas revu depuis quinze ans, représentait toujours chez Marc Dauxerre l’irrémédiable contentement de soi connu jadis. Ils firent les calculs habituels pour supputer