Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

V

C’est dans les mois qui suivirent cette révolution du mysticisme chez l’enfant le plus sensible du grand Collège, qu’après avoir découvert son Dieu il mesura soudainement son père qui lui apparaissait maintenant, comme au second degré, par les dits de ses camarades, par le prestige qu’avait sur un « nouveau » le nom même qu’il portait. Ne voyait-il pas cet éclair d’étonnement qui s’allumait dans les yeux de l’entrant quand il se nommait : « Pierre Arbrissel. » « Le fils d’Hyacinthe ? » lui demandait alors avec un imperceptible sursaut le garçon, tombé du coup en arrêt, et qui le dévisageait avidement. « Mais oui, mon vieux, répondait-il avec une certaine grâce inexprimable qui était en lui ; Pierre Arbrissel, fils de son père. » Un certain jour, ce fut un petit Argentin de quatorze ans que ses parents envoyaient aux religieux parisiens pour qu’il subit la formation latine la plus pure avec la plus rigoureuse scolastique de saint Thomas d’Aquin. Il entrait dans la classe du jeune Pierre. Quand celui-ci se présenta lui-même, le petit