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LE FESTIN DES AUTRES

PREMIÈRE PARTIE

— Je vais revoir Abel ! se dit Thierry Audun comme surpris par une idée saisissante, au moment où il sonnait à une haute porte cintrée de la rue de Valois. Je vais revoir Abel !

Il portait un long pardessus fatigué ; sa main gauche tenait une valise pauvre, maculée d’étiquettes du P.-L.-M. ; un vaste chapeau mou dissimulait à demi son profil. En posant son gant sur la porte, il pensa que son frère poussait chaque jour cette porte. Elle céda sous ses doigts. Avec une allégresse indicible, il entendit une voix anonyme sortie d’une loge lui annoncer que maître Abel Audun habitait bien ici le deuxième étage et qu’il était sûrement chez lui ce matin.

— Voici, songeait-il en montant l’escalier feutré