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— Parfois, balbutia Frédéric, si bas qu’on l’entendit à peine, parfois je me mettais en colère contre vous, tante, je vous en ai voulu… pour mon père. »

Mlle d’Aubépine étouffa un gros soupir.

« Ah ! s’il n’y avait eu que moi ! dit-elle. Je n’étais guère intransigeante ! Ton pauvre père, je l’excusais si bien ! Ce fut sa façon d’être gentilhomme, à lui, que d’épouser ta mère… On la disait la plus grande beauté de Paris. »

Frédéric l’écoutait avec passion.

« Je l’aurais aimée, moi, parce qu’il l’aimait ; mais nos parents avaient des principes rigides d’autrefois, je me suis soumise à eux et n’ai pas revu mon frère. De son amour, je ne lui ai jamais fait un crime, et son mariage, je l’ai secrètement approuvé. Seulement il ne l’a pas su. Tu l’ignorais pareillement, Frédéric, c’est pourquoi tu avais droit, contre ta vieille tante, à de si lourdes préventions.

— Mais ma mère, fit le jeune homme obsédé de cette idée à laquelle il revenait toujours, qui était-ce ! »

_ Il avait dit cela d’une voix hésitante, étranglée ; c’était la question de sa vie, l’éternelle curiosité de sa jeunesse, son problème unique qu’il avait toujours redouté de résoudre. Ce fut seulement en cette minute qu’il osa…

Mlle d’Aubépine se troubla ; elle glissa ses