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des femmes que vous avez déjà vues à Paris. Je ne sais ni m’habiller, ni suivre la mode, ni me coiffer, ni vous distraire en causant, Je sens que j’ignore tout, sauf ce qui se passe dans ce petit, tout petit coin du monde où je vis. Si vous regrettiez un jour ! Cet écrivain parle de votre grande intelligence que vous venez éteindre dans nos fermes… ; mon ami, n’a-t-il pas raison ? N’étiez-vous pas fait pour de glorieuses choses ?

— Taisez-vous, ma petite bien-aimée, suppliait-il ; c’est auprès de vous que je vis au contraire, que je m’épanouis, que je comprends tout. Vous êtes le charme unique, le seul, vous entendez, le seul que je puisse goûter. Il n’y a pas pour moi d’autre femme que vous, ni d’autre grâce, ni d’autre beauté ! Ma jolie, vous le savez bien. Je vous jure que l’ombre même d’un regret ne pourrait m’effleurer. »

Elle lui cueillit des mûres sur une feuille et exigea qu’il les mangeât toutes.

« Je voudrais vous donner, vous donner… », balbutiait-elle sans savoir.

Et elle embrassait le parc, la maison, ses bibelots, ses livres chers, ses morceaux de musique, ses petits objets précieux, tout ce qu’elle possédait en propre, sans trouver le don digne de son amour.

La récolte achevée laissa planer sur les champs un grand calme. Il régnait chez les