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Le feuillage des hêtres, sous la lune au zénith, faisait un dôme épais d’ombre, mais, de droite et de gauche, c’étaient comme des clairières semées d’un gazon pâle. Camille, adossée à un tronc, avec une grande capeline de paille, son lourd chignon blond tordu à la nuque et ses yeux de feu, ressemblait à une petite Anglaise d’image sentimentale et farouche.

« Si Dieu le permet, il viendra ce jour-là, Frédéric », répondit-elle.

Elle tremblait.

« Camille, reprit Frédéric, dites-moi que vous croyez en moi ?

— Je crois en vous, répéta-t-elle, confiante sans peine, sans arrière-pensée, sans réflexion.

— Dites-moi : je crois en vous pour toujours.

— Je crois en vous pour toujours, Frédéric. »

Le bonheur et la tendresse ruisselaient sur son visage. Frédéric la contempla un instant religieusement ; quelque chose de pur, d’enfantin venait de son cœur pour elle. Il l’aima comme il ne savait pas qu’on pût aimer ; il prit dans ses mains sa petite tête délicate, son front dégarni par le chapeau, et le baisa dix fois, vingt fais, avec le plus calme délice, le plus paisible, le plus fort. Il lui disait sans se lasser les câlines et touchantes inanités de l’amour :