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ordinaire talent. Et puis… elle était habile… vous comprenez. Mais je me suis repris à temps. Enfin, mon cher, j’ai quarante-deux ans, je ne suis plus un jeune homme. Ça n’aurait pas eu le sens commun, vous avouerez. Je ne la connaissais pas, en somme. »

Il y eut un silence. Après un moment, Frédéric reprit avec un frémissement léger d’indignation qui faisait trembler sa voix :

« Qu’est-elle devenue, la malheureuse ? Ah ! voilà le plus amusant de tout ! Chapenel, qui est un brave cœur sous ses apparences un peu rudes, s’est mis en quatre pour la loger comme organiste, devinez où, mon cher ? Dans un couvent ! Dans un couvent du côté de Vincennes. De sorte que maintenant elle fait chanter les bonnes sœurs. Voyez-vous cela d’ici ! »

Et Beaudry-Rogeas riait de tout son cœur à cette plaisanterie.

Frédéric avait le cœur serré. Il était certain, à n’en pouvoir douter, que cette femme avait entouré d’une tendresse inavouée, éperdument reconnaissante, celui qui l’abandonnait ainsi.

Il comprit l’œuvre de Chapenel. Chapenel faisait ce qu’il voulait de Beaudry-Rogeas ; sa main tenait le cœur de l’écrivain comme elle tenait son esprit et ses pensées ; le jour où l’amour était venu, il l’en avait débarrassé