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musait à l’extrême de s’y reconnaître, et il remerciait le jeune homme avec chaleur, se _ disant très flatté, très honoré, pendant que ses yeux francs et gais affirmaient son contentement. Beaudry-Rogeas survint, saisit la Revue, dévora l’article, un peu froissé de n’avoir pas été mis dans le secret de son jeune secrétaire, un peu gêné par cette intelligente et savante analyse excitée d’un grain de fièvre artistique, qu’avait signée Frédéric. Il n’était pas d’une nature jalouse cependant, et ne doutant pas qu’il eût mieux construit cette étude, l’eût-il écrite, il n’éprouva pas de peine à l’admirer. Elle passa de main en main, On la lut tout haut ; Lydie l’entendit et l’écouta. C’était ce que Frédéric avait passionnément désiré, et lorsque Croix-Martin, le Maître des maîtres, le Génie, vint lui dire : « Monsieur, je vous félicite, c’est parfait », il n’éprouva rien à côté de la sensation de gloire qu’il avait eue, lorsque son amie lui avait discrètement serré la main en murmurant : « Vous êtes un critique-né. » Tout un moment, il fut le héros de la fête. Ses tempes battaient. Il se sentait quelqu’un. Il jouissait. Tout le monde avait les yeux sur lui.

Soudain la voix de Lydie éclata, suave et puissante, là-bas, dans le fumoir :

    Le soir j’allais avec mes sœurs à la fontaine.