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chemin, se disait-il, en reconnaissant au hasard des gares, des paysages aperçus à l’aller ; j’ai fait du chemin depuis quinze jours. »

Certes, Beaudry-Rogeas pousserait de grands cris en apprenant qu’il se faisait fermier ; et si Chapenel venait jamais à savoir que, pour l’amour d’une petite fille des champs, renonçant à l’existence artistique et parisienne, il rentrait dans le « pecus », des scènes redoutables auraient lieu. Et dans le fond, c’était de Chapenel, de ses idées, de son occulte influence, de ses mépris, de son œil d’autocrate et de fascinateur qu’il redoutait le plus d’obstacles. Mais il s’abstiendrait de confidences vis-à-vis du peintre. Quelques semaines seraient vite passées pendant lesquelles il habituerait son maître à l’idée de son départ. Et puis après commencerait sa vraie vie, l’emploi de son énergie, sa raison d’être, ce que les hommes appellent dans un sens large et noble : leur carrière.

Ce n’était pas non plus sans quelques plaisirs de curiosité qu’il revenait une fois encore chez l’écrivain. Sa disposition sentimentale du moment l’inclinait vers Mme Ejelmar et les amours de Beaudry-Rogeas à une tendre sollicitude. Il était pressé d’apprendre où en étaient les choses. Il ne doutait pas qu’une union, même un mariage, s’apprêtât, et comme il venait d’échapper quinze jours à l’autocratisme de Chapenel, il oubliait volontiers sa