Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour échapper à l’avalanche de plaintes que sa femme s’apprêtait à débiter, M. Jean reprit son chapeau et sortit précipitamment.

Mme Patrice se remit à son travail, qu’elle continua par mouvements saccadés, le fil s’emplit de nœuds, s’embrouilla, se cassa ; alors, prise d’un grand accès de colère, elle froissa la dentelle entre ses mains et la jeta par la fenêtre ; en s’écriant à haute voix :

— Hé bien ! nous aussi, nous irons à Paris. Il faut surveiller cette succession : mon oncle a soixante-cinq ans, à cet âge, il n’est pas bon de le quitter.

Quelques jours plus tard, Jen revenait de sa leçon, et, comme d’habitude, entr’ouvrait la porte du cabinet de M. Patrice pour lui dire bonjour, quand ce dernier lui fit signe d’entrer.

— Ma fillette, dit-il d’une voix grave, assieds-toi près de moi, je veux te parler.

La petite leva sur lui ses grands yeux étonnés.

— Écoute, Jen, veux-tu venir habiter Paris ?

— Père, j’irai où vous voudrez, fit l’enfant.

— Car, vois-tu, continua M. Patrice, quoique à mon âge on ne se déplace pas facilement, j’ai des affaires très sérieuses qui m’y attirent. J’y possède plusieurs maisons, l’une d’elles est inhabitée, veux-tu que nous allions nous y installer ?

— Je veux bien, père, répondit encore la fillette, là où vous serez, je serai toujours bien.