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— Mon oncle veut partir pour Paris.

— À Paris ! l’en as-tu dissuadé, au moins ?

— Au contraire, je l’ai fortement engagé à aller habiter la capitale.

— Oh ! cela dépasse toute borne ! Mais songe, Jean, que là il nous oubliera, tout occupé qu’il sera de cette enfant de malheur !

— Mon oncle nous aime, Clotilde, et ne nous oubliera pas ; écoute mes raisons et les siennes : l’autre jour, il y avait une petite réunion de jeunes filles chez le professeur de Jen. Elle y est allée, et le pauvre oncle a pu remarquer que toutes ces demoiselles s’écartaient de sa fille comme d’une brebis galeuse ; on chuchotait à son approche, et, lorsqu’il s’est agi de la faire danser, aucune mère n’a permis à sa fille de l’aller chercher. Mon oncle a vu que la pauvre petite ne pourrait ici faire aucune connaissance, n’avoir aucune amie, qu’elle devenait de plus en plus triste, et qu’avec les cancans provinciaux, son avenir était absolument brisé et ne lui réservait que des humiliations continuelles.

— À Paris, ce sera tout différent ; on ne saura pas l’histoire. Jen est une très bonne petite fille, à laquelle l’éducation donnera, j’en suis sûr, beaucoup de distinction ; alors, tu comprends…

— Ce que je comprends, c’est que notre oncle part, et que sa grande fortune…