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terminé si vite ; mais M. Patrice, qui avait suivi du regard la démarche de l’enfant, fronça le sourcil d’un air sévère qui ne lui était pas habituel. Bien plus grande humiliation attendait, cependant, le pauvre monsieur ; ce fut lorsque, après le goûter, la danse commença. Les jeunes filles furent partagées en deux groupes : les plus grandes, mises d’un côté par Mme Lannoy, devaient tenir lieu de cavaliers et aller inviter leurs vis-à-vis, les plus petites fillettes, qui avaient pris place dans l’autre partie du salon.

Jen, comme n’ayant que onze ans, fit partie de ces dernières. Puis Mme la sous-préfète, qui était musicienne émérite, s’étant mise au piano, chaque cavalier vint gracieusement chercher sa danseuse. Toutes les chaises furent bientôt vides, à l’exception d’une seule, cependant, celle qu’occupait Jen.

Personne ne l’avait invitée.

Au premier coup d’œil sur les danseuses, Mme Lannoy vit la pauvre petite, qui, restée isolée quand toutes les autres s’en donnaient à cœur joie, avait bien envie de pleurer, mais honteuse d’attirer l’attention, retenait énergiquement ses larmes. La bonne dame s’approcha de l’enfant, la prit par la main et demanda à haute voix :

— Hé ! mesdemoiselles, vous avez oublié une danseuse ; qui est-ce qui valse avec Mlle Patrice ?

Mme la sous-préfète se retourna, la danse s’arrêta,