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était Jen, qui regardait sans sourire le groupe si animé de ses voisines.

M. Patrice n’écoutait pas si attentivement les théories de M. Lannoy sur l’éducation, qu’il ne pût s’apercevoir de ce qui arrivait à sa fille ; il en fut vivement blessé, et se demanda pourquoi ces demoiselles s’écartaient si impoliment de la fillette. Quelques instants après, lorsque, le goûter circulant, l’essaim des jeunes filles se mit en mouvement, il trouva le moyen de passer auprès de Jen et de lui souffler à l’oreille ;

— Qu’as-tu, mignonne ? Tu ne causes pas aux autres ?

— Je n’ose pas, fit en regardant son père la petite, tout heureuse de trouver un visage ami.

— Il le faut, pourtant ; dis donc quelque chose à ta voisine, la petite fille en rose.

Jen était l’obéissance personnifiée, et elle se trouva forcée, par cet avis, d’entamer conversation avec l’une des jumelles du maire. Qu’allait-elle lui dire ? c’était la question. Enfin, après beaucoup d’hésitations, elle aborda l’autre fillette :

— C’est la première fois que M. Lannoy donne une matinée, mademoiselle ?

La petite du maire fit un signe affirmatif, et s’en alla vers l’assiette de choux à la crème, qui faisait sa tournée…

Jen fut très heureuse que ce devoir ennuyeux fût