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lui revint à l’esprit. Oui, c’était bien fini avec sa première famille. Une grande muraille de distance, d’oubli, devait s’élever entre elle et ces braves cœurs ; elle ne les reverrait jamais, elle ne devait pas les revoir. Rosalie avait dit vrai ; elle était désormais de la famille de M. Patrice, et c’était un terrible déchirement de cœur pour la pauvre petite. Voilà pourquoi, ce soir-là, ses larmes coulaient en telle abondance.

Le sommeil, heureusement, effaça les traces de ce désespoir, et, le lendemain, M. Patrice ne put s’apercevoir que Jen avait pleuré, ce qui eût suscité à l’enfant des questions embarrassantes ; il lui dit seulement :

— C’est moi qui, ce matin, vais te conduire chez M. Lannoy, fillette, je veux assister à ta leçon, et nous irons ensuite déjeuner chez M. Jean ; donc, mets ta belle robe.

— Oui, père, répondit Jen, tout effarouchée à la pensée de ce déjeuner chez la grande dame brune qui lui faisait presque peur.

Vite, elle s’en fut à sa chambre pour obéir, sans s’apercevoir que, de sa poche, tombait un petit papier, que son père adoptif ramassa aussitôt.

— Qu’est-ce que cela peut bien être ? se disait-il.

Le papier, soigneusement plié de manière à ne former qu’un tout petit carré, était glacé par le