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— Tant pis pour lui, alors ; car je lui montrerai ma façon de penser…

— J’aime beaucoup mon oncle, Clotilde, et je tiens à ce que tu sois irréprochable avec lui ; après tout, il est libre de sa fortune, et nous n’avons pas le moindre droit de contrôler ses actes.

— Voir passer à une étrangère ce qui vous appartient ! et sur quoi l’on a toujours compté !

Mais son mari, que cette discussion et cette colère féminine irritaient, prit son journal sans s’inquiéter davantage de sa mauvaise humeur.

M. et Mme Jean Patrice auraient été le ménage le plus heureux du monde, sans le caractère détestable de la maîtresse du logis. Tout jusqu’alors leur avait souri ; et leur fils unique, le petit Joseph, promettait pour comble d’être l’élève modèle de sa pension, ce dont sa mère était très fière. Pour ses douze ans, il avait une intelligence rare, et son cœur répondait à son esprit ; c’était ce qu’on appelle un enfant exceptionnel. Malheureusement, Mme Jean gâtait tout ce bonheur. Elle était jolie femme, avec sa peau bistrée et ses grands yeux noirs ; mais ces yeux noirs prenaient souvent une expression si dure et si désagréable, qu’on aurait désiré les voir se fermer. Elle était autoritaire, jalouse et emportée, et, bien que le fond de son cœur ne fût point absolument méchant, elle entrait dans la catégorie de