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tenté de se faire une position dans l’art lyrique, en avait été réduite, pour sauver sa fille de la faim, à s’engager dans un cirque qui partait pour la France.

Pendant deux ans elle avait couru de ville en ville, avec la petite Jen, qui elle, ne travaillait pas, sa mère l’ayant défendu. Puis un jour — Jen ne savait pas trop comment cela était arrivé — pendant la représentation, comme elle s’amusait avec les clowns, elle avait entendu une grande rumeur dans l’assemblée joyeuse, et on avait apporté sa mère évanouie et bien malade ; malgré ses cris, on avait vite emmené l’enfant, et lorsque le lendemain en s’éveillant elle avait demandé à voir sa mère, on avait bien été forcé de lui dire qu’elle était morte. Après, le père Mousse l’avait prise, et puis encore après, M. Patrice… Ce fut ce que le vieux monsieur débrouilla du récit un peu embarrassé de la petite fille.

Pour lui faire oublier ce douloureux passé, il lui traça de l’avenir un tableau très riant. L’heure passait doucement pour M. Patrice, et le dîner se prolongeait très avant dans la soirée, lorsque apercevant la pendule, il s’écria :

— Il est neuf heures et demie, ma petite Jen, il faut que tu ailles te coucher.

Jen se leva vite, vint présenter son front à son