Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours les mêmes depuis la Renaissance ; ces chaises Louis XV, aux bras guindés, aux dossiers rigides rappelant les marquises de leur siècle ; ces femmes grecques, dormant blotties dans leurs tentures de peluche ; tout ce luxe froid et silencieux allait enfin s’éveiller et prendre de la vie par la venue de cette petite, et il lui sembla que sa Diane chasseresse souriait et se penchait pour regarder cette enfant blonde et belle comme elle.

Vint ensuite la présentation à Rosalie. Le rôle de Rosalie ne devait pas être peu important auprès de Jen, seule femme dans la maison, elle pourrait seule lui donner les petits soins maternels qu’aiment les enfants et que les hommes ne connaissent pas : cette présentation était décisive, il fallait à tout prix que la fillette plût à la vieille bonne, et il était bien à souhaiter que la vieille bonne plût à la fillette. Le vieux monsieur avait pensé à tout cela, et ce ne fut pas sans anxiété qu’il amena sa fille à la cuisine, disant :

— Eh bien ! Rosalie, la voilà notre petite Jen.

Rosalie tournait le tapioca, opération assez délicate, et, sans lâcher son ustensile culinaire, elle se retourna pour examiner la petite. Mais celle-ci, par un heureux élan, s’avança vers la vieille cuisinière, lui tendit son front, disant doucement :

— Bonjour, mademoiselle Rosalie.