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m’emmener chez lui, je ne te verrai plus jamais ; oh ! je veux rester ! je veux rester !

— Je ne la prendrai que demain, objecta M. Patrice ; cela lui ferait trop de peine de vous quitter si brusquement.

— Non, non, reprit le père Mousse, j’aime mieux que cela se fasse de suite ; et, d’ailleurs, demain nous partons.

— Eh bien ! je viendrai la chercher ce soir, à cinq heures.

— À cinq heures, c’est conclu ! fit l’homme, dont la voix tremblait d’émotion.

L’accès de désespoir de la fillette était loin d’être passé ; cet événement, qui venait inopinément l’arracher à sa vie ordinaire pour l’emmener dans un milieu qu’elle ne connaissait pas, au lieu d’être une heureuse chance, lui paraissait un affreux malheur ; elle éprouvait ce même sentiment qu’ont les enfants volés par des saltimbanques ; au fond, s’était la même chose, mais en sens contraire. Pourtant, ce n’était pas l’heure de se livrer à son chagrin les artistes devaient s’habiller pour la représentation, et, pour la dernière fois, Jen dut peigner les chiens, les pomponner de rubans, leur passer au cou leur collier neuf, et, à chaque objet dont elle les attifait, la petite disait :

— Mon pauvre Faraud, tu vas m’oublier, je ne