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— On ne pouvait pas la laisser, reprit l’homme d’un ton bourru ; mais comment le savez-vous ?

— Nous avons déjà causé hier au soir.

— Sa mère était dans un cirque anglais, qui faisait sa tournée en France et se trouvait dans la même ville que nous. Un beau jour, elle s’est cassé le cou en tombant d’un trapèze ; on a quêté pour la petite, mais chez les banquistes on n’est pas riche, la quête n’a monté qu’à 200 fr., ce n’était pas assez. Alors, moi, je venais de perdre ma femme, j’ai dit : « Je vais prendre l’enfant, avec Roland cela ne paraîtra pas à la dépense. » Voilà comment s’est fait la chose.

Le vieux monsieur, qui s’appelait M. Patrice, lui tendit la main.

— Brave homme !…

— Bah ! elle nous fait la popote, et puis c’est une bonne fille ? n’est-ce pas, Jen ?

L’enfant leva sur son père adoptif son regard bon et aimant.

Mais vous ne devez pas gagner grand’chose, continua M. Patrice.

— Il y a des jours où le métier est dur.

— Et c’est une charge de plus pour vous.

— Quand il y en a pour deux, il y en a pour trois…

Après lui avoir encore adressé quelques questions