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demandait anxieusement comment elle pourrait avoir la certitude de l’identité de Roland ; car, à moins d’un hasard providentiel, il lui semblait insensé de penser à le rencontrer de nouveau sur sa route. Dans la nuit qui suivit cette journée, elle ne put fermer les yeux une minute ; elle formait mille combinaisons, plus irréalisables les unes que les autres, pour revoir l’ami de son enfance, son frère Roland, et avoir des nouvelles du père Mousse. Vivait-il encore, le pauvre homme ? Oh ! si elle pouvait le revoir cependant, l’appeler père ! comme autrefois. Revoir ce bon visage honnête, où se reflétait toute une vie laborieuse et soumise au devoir !

Le lendemain, à la fin du premier déjeuner, Mlle Lanceleau vint près de Jen et lui demanda de la suivre dans sa chambre, pour causer un peu avec elle ; déjà plusieurs fois, elle avait essayé, par ces entretiens affectueux, d’amener la fillette à lui confier ses peines et ses souvenirs douloureux ; mais la nature concentrée de la petite Anglaise ne pouvait s’accoutumer à ces confidences, et elle avait gardé jusque-là toute sa réserve habituelle, tout en témoignant à la directrice une sincère gratitude pour ces marques de bonté.

Mais elle était bien ébranlée ce matin-là, la pauvre petite, par l’événement de la veille et par sa longue insomnie.