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réparations, et l’on voyait çà et là s’élever des échafaudages hauts et grêles, que des ouvriers, insouciants du danger, arpentaient crânement, tout en chantant de joyeux refrains.

Jen, qui gardait au fond du cœur le souvenir des jours passés près de son premier père adoptif, avait conservé depuis cette époque de sa vie une sympathie mêlée de respect pour tous ceux qui gagnent leur pain au milieu des plus durs labeurs. Son regard s’arrêtait, plein d’une affectueuse compassion, sur ces visages, la plupart altérés déjà par les fatigues quotidiennes, et elle se disait qu’il lui serait bon, plus tard, d’employer la fortune de M. Patrice à améliorer ces existences, à porter au foyer de tous ces laborieux quelques rayons de bonheur.

Elle se disait aussi que, peut-être, au milieu de ces humbles et de ces petits, qu’elle se plairait à visiter, elle retrouverait un jour ce vieux père Mousse, pour lequel elle conservait toujours une reconnaissance et une affection toutes filiales, et Roland…, Roland, le cher petit frère, si bon, si attentionné pour la pauvre orpheline.

Ces pensées emplissaient son esprit avec une continuité plus persistante que jamais. Maintenant, elle voyait passer devant ses yeux l’image de cet homme et de son fils, tous deux si grands dans leur humble condition, si généreux dans leur misère. Elle revoyait les journées passées dans la modeste