Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour monter dans la voiture, il y a un escabeau, et sur l’escabeau, assise à la dernière marche, une fillette absorbée profondément par un ouvrage de couture ; sa petite main va vite dans l’étoffe ; elle ne lève pas les yeux, ce doit être un travail pressé. Cette petite femme de dix ans serait-elle la ménagère ?

Il n’y en a point d’autre.

Pendant que, là-bas, la représentation continue, l’enfant poursuit sa tâche, empressée, active, sans distractions ; elle ne voit même pas ce vieux monsieur qui, séparé de la foule, a, lui, l’étrange idée de visiter la foire à rebours et de passer derrière les boutiques.

De loin, il avait aperçu l’enfant, et, son application l’amusant, il s’était arrêté un moment pour l’examiner ; et puis, comme la petite était gentille sous ses cheveux blonds, il s’approcha et lui dit :

— C’est toi qui gardes la voiture ?

L’enfant, toute surprise, leva vers le monsieur des yeux interrogateurs, de grands yeux bleus, candides, qu’on aimait à regarder, et d’un joli petit accent étranger.

— Oui, monsieur, c’est moi.

— C’est ton père qui montre les chiens là-bas ?

— Non, monsieur, c’est mon…, c’est mon…, c’est lui qui m’a prise quand maman est morte.