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M. Jean Patrice, elle avait été mise au courant des événements successifs qui étaient venus si souvent bouleverser la vie de sa nouvelle élève, et, même avant de l’avoir vue, elle s’était sentie attirée vers elle par un instinctif mouvement de sympathie.

Lorsqu’elle put la juger de près, elle comprit plus que jamais ce que son jeune cœur avait dû souffrir, et s’appliqua à gagner sa confiance, pour pouvoir lui prodiguer plus efficacement les témoignages de la tendresse dont elle se sentait l’âme pleine pour la pauvre Jen.

Cette tâche était difficile. La timidité et la réserve habituelles de la jeune fille mettaient souvent obstacle à des épanchements qui auraient pu établir entre elle et sa nouvelle amie une intimité plus complète et lui faire souvent grand bien. Aussi, tout en se montrant aimable et bonne pour ses compagnes, et tout en paraissant s’accoutumer à son existence de pensionnaire, conservait-elle sur son doux et pâle visage un reflet de la tristesse résignée, mais profonde, qui ne l’abandonnait plus jamais.

Elle ne retrouvait quelques éclairs de gaieté qu’aux jours de sortie, où Isaulie venait la prendre pour la conduire chez Mme de la Rocherie. Lilie, comme on l’appelait toujours, chassait par son enjouement la langueur de Jen, et se montrait triomphante quand, à la fin de la journée, elle