Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

traînant leurs bébés s’y voyaient en grand nombre.

Discrètement à l’écart, derrière quelques arbres, était le logis de la troupe l’humble voiture si misérable, si pittoresque. Toujours la même — si jamais vous en avez visité une, vous les connaissez toutes — avec ses petits rideaux blancs, sa cloison en cretonne devenue incolore par le temps, avec ses lits peu confortables et son éternel désordre. La vie du saltimbanque est entourée de mystère ; on se fait de lui une idée fantastique, on le met à part, il a peu d’amis ; mais sa voiture roulante, si vieille, si sale qu’elle soit, lui ouvre chaque soir hospitalièrement sa porte, et alors, le bohémien a au moins cela de commun avec les « gens bien » la jouissance du home

Elle est donc là la voiture du montreur de chiens ; mais comme elle est petite, très petite, on ne peut y faire la cuisine, et les ustensiles, casseroles, fourneau, grils, etc., sont épars tout alentour, avec les débris du dernier repas. — On ne peut pas non plus y faire la lessive voilà pourquoi, d’un arbre à l’autre, des cordes sont tendues, balançant au vent le linge rapiécé de la troupe.

Où donc est la ménagère — car il doit y en avoir une — qui a lavé ce linge, cousu ces pièces, cuisiné ce dernier repas ?