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Dans un coin plus désert, où le brouhaha arrivait modéré, confus, un petit homme, en maillot rose défraîchi, tapait à coups redoublés ses cymbales. La foule formait autour de lui un cercle bien maigre, et, de temps à autre, il levait les yeux pour voir si les spectateurs s’amassaient. Malheureusement, le cercle ne s’augmentait pas, et, quand l’homme rose s’aperçut que les gens pressés s’en allaient impatientés avant le commencement de la séance, il laissa là ses cymbales, appela : « Roland ! » et se mit à débiter son boniment avec une prestesse remarquable.

Roland, celui qui avait été appelé, arriva bientôt, traînant un chariot en mauvais état, où s’entassait une nichée de chiens qui se blottissaient, on ne sait comment, dans le véhicule. Leur conducteur était un garçonnet, qui portait de quatorze à quinze ans, dont le maillot paraissait dater de la même époque que celui de l’homme aux cymbales, et n’en différait que par sa couleur bleue.

L’enfant dressa en un tour de main quelques escabeaux, une table qu’il installa sur le vieux tapis, et la représentation commença par le travail d’un caniche… Les badauds arrivèrent ; on venait là quand on était trop abasourdi par le bruit de la pleine foire, et les spectateurs étaient surtout recrutés parmi les gens sérieux, les mamans