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la Rocherie, on voyait souvent Jacques Remy, son neveu, grand carabin, très gai, qui amusait beaucoup sa cousine Isaulie.

Jen avait ainsi atteint ses quinze ans ; elle était grande, toujours très jolie et, encore plus que belle, douce, aimante, gracieuse au possible. Elle était l’idole de M. Patrice, sans cesse en admiration devant cet idéal d’enfant, comme il disait. Maintenant, il sortait rarement ; sa vue baissait, et c’était la jeune fille, qui, toujours à ses côtés, lui lisait ses journaux, les livres qu’il aimait, et faisait avec lui le soir une partie de cartes.

— Cela n’est pas gai pour ton âge, fillette, répétait-il, d’être toujours avec un vieux bonhomme comme moi.

Alors, Jen se jetait à son cou :

— Père, je vous en prie, ne dites plus cela ; je suis si heureuse d’être avec vous !

Et, en elle-même, elle ajoutait :

— Tout ce que je demande, c’est de pouvoir le faire encore longtemps.

Car elle s’apercevait que son père adoptif vieillissait, ses goûts sédentaires l’accusaient ; il était souvent souffrant, obligé de rester au lit, et, quand elle le voyait de loin plus voûté qu’autrefois, la démarche fatiguée, le regard moins vif, une vague terreur lui remplissait l’âme ; et, pour se rassurer, elle se disait vite :