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l’étreignit fortement dans ses bras, et lui dit tout bas :

— Embrasse-la, maintenant, ma petite Jen ; elle t’aimait bien aussi !

La petite se pencha sur le grand lit, et, sans pouvoir retenir ses larmes, posa ses lèvres sur le front glacé de la morte.

Ce fut une suite de jours navrants pour les deux familles ; car, chez M. Patrice on aimait beaucoup la petite Anne, et, au moment où l’on reprenait espérance, la voir s’en aller tout d’un coup, belle et bonne comme elle était, à seize ans, n’était-ce pas affreux ? La pauvre mère ne voulait pas quitter la chambre de sa fille, et, n’étant pas moins bonne dans son immense douleur, elle n’en renvoyait pas les deux petites amies, devenues plus inséparables que jamais ; et les fillettes prenaient leur ouvrage, travaillaient avec elle silencieusement, pleurant quelquefois quand la pensée de celle qui manquait à la réunion intime leur venait à l’esprit.

Lilie, malgré le temps qui passait, ne se consolait pas, et son chagrin contrastait avec sa folle gaieté d’autrefois. Tout le jour, elle retenait ses larmes, afin de ne pas trop attrister sa mère ; mais quand le soir venait, qu’elle se voyait seule dans sa chambre, elle se laissait aller à sa douleur, et Mme de la Rocherie, de la chambre voisine, l’entendait pleurer jusqu’à une heure avancée de la