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ment de millions qui ne devait pas fléchir, au contraire !

Ainsi, par l’intermédiaire de son père, Lyon l’absorbait déjà. C’étaient les tissages du Mont-Sauvage, près du boulevard de la Croix-Rousse, les établissements de Villeurbane toujours agrandis tous les cinq ou six ans depuis la fortune d’Adolphe, les Impressions de Décine, bref, ces impérieuses personnes morales que sont les usines qui, avec leur vacarme, leur démence de bruit, d’activité, de vie, ne cessent de hurler aux oreilles du fabricant ses effroyables responsabilités pour les avoir fait sortir de terre. Et c’était jusqu’à son nom, qui enracinait sa lointaine ascendance aux pentes mêmes de l’autre colline parallèle, là-bas, du temps où des tisseurs, de pauvres tireurs de lais du quinzième, fabriquaient à Fourvière ces étoffes disparues et peut-être incomparables, dont on n’a gardé que les noms mystérieux, le camocas, le cendal, le haudequin.

Philippe Haudequin résuma son état d’esprit à l’égard de l’as qu’était son père, et même son consentement à un phénomène d’inhibition que le grand homme produisait déjà sur lui, dans un mot qu’il prononça en abandonnant le parapet du Rhône et la contemplation de la Croix-Rousse :

— Allons-y.

Et il s’engagea sur le pont.