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n’est que le grand temple où naît, pour la joie de l’univers, la soie divine et éblouissante !

Philippe comprenait tout à coup l’Acropole d. la Soie.

Alors la ville prit pour lui le visage même de son père, Adolphe Haudequin, le grand fabricant, avec ses cinquante-huit ans, et ses cheveux argentés que la raie rejetait à droite en nappe plate, et son veston où il s’enfouissait jusqu’aux oreilles, et ses yeux encadrés d’écaille, bien qu’ils fussent excellents, parce qu’il convenait au personnage qu’il s’était composé depuis quarante ans, petit jacquardier de la rue des Fantasques devenu l’un des premiers sur la place de Lyon, que même son regard füt déguisé. Ces lunettes de M. Haudequin, défi à toute ophtalmologie,

verres à vitre, simulation, protection, embuscade

pour le regard, étaient le trait le plus marquant de son procédé d’ascension sociale. On ne pouvait se faire soi-même plus que M. Haudequin ne s’était fait. Ce détail l’attestait encore aujourd’hui, jusque dans son apothéose.

Le père de Philippe avait son nom au Musée des tissus, dominant la vitrine où chatoyaient les échantillons des taffetas brochés or et rouge fabriqués par lui en 1896 et offerts par la Chambre de commerce de Lyon à la Tsarine, alors hôtesse triomphale de Paris. Son nom régnait encore à Fourvière, sous une mosaïque : à l’École de tis-