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et sablonneux, le Rhône se hâtait, comme altéré des eaux plus douces qui enserrent avec lui, mais de l’autre versant, la colline de la Croix-Rousse et qu’il boira bientôt là-bas, quand il sera seul, loin de la cité.

Philippe Haudequin, rentrant dans sa ville, après ce voyage plus lointain qu’on ne croit, du service militaire, la vit soudain avec son énigmatique visage, son hermétisme, son manque d’apparat, cachant le bouillonnement coordonné de sa force. Lyon, qui le reprenait aujourd’hui pour toujours, n’était pas une ville comme les autres, walkyries faciles, parées pour tout le monde, qui affichent leurs attraits et, qu’en approchant, on entend rire à pleine gorge, comme Marseille, chanter comme Toulouse, manger et boire dans le luxe comme Bordeaux, tanguer comme Brest, chuchoter des marchés comme Rouen. Entre toutes les villes, comme son fleuve, Lyon est déclaré du sexe masculin. Dans ses rues, l’on ne voit que des hommes. Son âme virile, dédaigneuse de plaire, a les tristesses de la sagesse. Mais que sait-on des palpitations de sa vie intérieure ?

Ainsi Lyon se présente comme une forteresse, mais ses casemates ne renferment que les soldats du travail. Et cette Acropole blanche qui regarde le Rhône de ses milliers de fenêtres régulières, et se laisse choir par des ruelles sordides en pleine sévérité historique de la place des Terreaux,